François Hollande est arrivé mardi matin aux Emirats Arabes Unis pour une visite qui doit être largement consacrée à l’intervention française au Mali lancée il y a cinq jours pour contrer l’offensive des groupes islamistes armés occupant le Nord du pays.
Ayant à peine atterri à Abou Dhabi, le chef de l’Etat français avait rendez-vous avec le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz – une rencontre non prévue au départ – avant de se rendre à la base militaire navale «Camp de la Paix». Dans l’avion présidentiel qui a décollé lundi soir de Paris, l’entourage du chef de l’Etat a indiqué qu’une partie des 700 hommes de cette base étaient mobilisables, ainsi que les six avions Rafale qui y sont stationnés, pour participer à l’opération «Serval» au Mali en cas de besoin.
«Le Mali n’est pas dans notre champ d’action, pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour. Si nous recevons des ordres nous les mettrons en œuvre», a indiqué sur place à la presse un des responsables de la base. Avec l’intervention au Mali décidée vendredi, le déplacement du président de la République, au départ à dominante économique, a pris «une autre tournure» ont souligné ses proches. Durant les six heures de vol, Hollande, en lien constant avec le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian resté à Paris, a continué à donner ses instructions pour la poursuite de l’opération «Serval».
Le président français doit aborder avec les dirigeants émiratis l’aide que pourraient apporter les Emirats pour l’intervention au Mali, a indiqué l’Elysée. A Abou Dhabi, des entretiens sont prévus avec président de la fédération des Emirats arabes unis, cheikh Khalifa Ben Zayed Al-Nahyan, et le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammad Ben Zayed Al-Nahyan. Puis à Dubaï dans l’après-midi, il rencontrera le vice-président et Premier ministre, cheikh Mohammad Ben Rached Al-Maktoum.
Depuis cinq jours, François Hollande a eu de nombreux entretiens avec les responsables occidentaux et africains pour mobiliser les moyens nécessaires au déploiement des forces africaines au Mali prévu pour démarrer progressivement dès cette semaine. Outre le Mali, la Syrie et l’Iran feront partie des dossiers abordés.
Initialement ce déplacement était plutôt à dominante économique. Dans l’avion présidentiel, de grands patrons étaient d’ailleurs présents : Pierre Mongin (RATP), Henri Proglio (EDF), Augustin de Romanet (Aéroport de Paris), Jean-Cyril Spinetta (Air France), Jean-François Cirelli (GDF Suez). Dans la matinée, Hollande doit faire une allocution lors d’un Sommet international sur les énergies renouvelables après avoir visité les stands d’entreprises françaises spécialisées dans l’énergie et la gestion de l’eau.
Parmi les gros dossiers économiques sur la table figure la concession de Total qui expire en 2014 et suscite des convoitises. La compagnie pétrolière possède 13% de ses réserves mondiales dans les Emirats. Elle est aussi partenaire de la construction de la plus grande centrale solaire à concentration, baptisée Shams (soleil). Le Rafale de Dassault est également à l’ordre du jour, même s’il n’y a pas de signature de contrat en vue pendant la visite du président. L’avion de combat français est en compétition avec l’Eurofighter des groupes britannique BAE Systems, italien Finmeccanica et européen EADS.
La France est à la recherche également de nouvelles perspectives dans le nucléaire aux Emirats, après l’échec cuisant du consortium Areva, EDF, GDF, Suez et Total, qui s’est fait souffler en 2009 par la compagnie coréenne Kepco, la construction de 4 réacteurs (un contrat de 20 milliards de dollars). Dès son retour à Paris tôt mercredi, le chef de l’Etat réunira un nouveau conseil de défense restreint à l’Elysée, à 10h30 après le conseil des ministres. (AFP)
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